Si près du but" Le général Sani Abacha aura tout fait pour être le
candidat unique de l'élection présidentielle du 1er août prochain qui, dans un simulacre de transition démocratique, devait conduire le Nigeria à un régime civil. En un peu moins de cinq ans de pouvoir, il aura fait emprisonner, torturer, condamner à mort un nombre impressionnant d'opposants et de journalistes de la presse indépendante. Il aura réussi à décrédibiliser la classe politique en se faisant introniser candidat unique par cinq partis «légaux». Il aura exacerbé les tensions entre le nord musulman, dont il est originaire, et le sud chrétien et animiste d'où viennent le seul chef de l'Etat nigérian qui ait rendu le pouvoir aux civils, le général Olusegun Obasanjo (incarcéré), et le seul qui ait gagné des élections, en 1993, Moshood Abiola (incarcéré). La cause ogoni. Enfin, dernier tour de force, Sani Abacha aura réussi à mettre l'un des pays potentiellement les plus riches d'Afrique au ban de la communauté internationale après l'exécution en 1995 de l'écrivain Ken Saro Wiwa et de huit autres militants de la cause ogoni, une minorité qui se bat contre la mainmise de Shell sur son pétrole et contre la pollution de l'environnement. Cinquième pays producteur de l'Opep, le Nigeria est aujourd'hui parmi les pays les plus pauvres d'Afrique.
Grèves et manifestations. Une crise cardiaque providentielle évitera au moins aux Nigérians l'humiliation de légitimer une dictateur par les urnes. Mais l'homme, caricatur