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Libération

Drogue: «L'argent sale arrive en Suisse quasiment blanchi». La loi antiblanchiment est entrée en vigueur"" il y a deux mois.

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publié le 10 juin 1998 à 5h24

Genève, de notre correspondant.

Réputation justifiée ou non, la Confédération helvétique a longtemps été considérée comme un havre pour l'argent sale. Symbole: la démission d'Elisabeth Kopp, première femme jamais nommée ministre en Suisse, suite aux relations d'affaires qu'entretenait son mari, l'avocat Hans Kopp, avec des financiers peu scrupuleux. En Suisse, l'infraction contre le blanchiment d'argent sale date de 1990 et la nouvelle loi n'est entrée en vigueur qu'il y a deux mois.

Le procureur général genevois, Bernard Bertossa, auteur d'Un monde sans loi avec le juge Renaud van Ruymbeke, est aux avant-postes de la lutte contre le crime organisé et le recyclage des narcodollars. Il fut l'un des signataires, il y a deux ans, de l'Appel de Genève, où avec des juges français, italiens et espagnols, il dénonçait les blocages de la justice face à la criminalité économique. Dans un entretien à Libération, il estime que «les choses bougent lentement»: «Les magistrats sont en train de prendre conscience de l'ampleur du problème. Au niveau parlementaire et gouvernemental, des progrès sont en cours. Ainsi, les 29 pays de l'OCDE se sont engagés à réprimer la corruption liée à de l'argent public étranger. Dans les îles anglo-normandes, une évolution se fait jour. Mais ces mesures ne sont pas à la hauteur des enjeux.»

Sur le fond, Bernard Bertossa ne cache pas son scepticisme: «Aujourd'hui, relève-t-il, l'argent peut faire le tour du monde en vingt-quatre heures. Nous, magistrats, aurio