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Libération

Argentine: l'ex-chef de la junte arrêté. Jorge Videla est accusé de l'enlèvement de cinq mineurs sous la dictature.

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publié le 11 juin 1998 à 5h29

Buenos Aires, de notre correspondante.

C'est comme un retour en boomerang de l'Histoire. Alors qu'en juin 1978, le Mondial qui se déroulait en Argentine cherchait à masquer les atrocités de la dictature, en juin 1998, c'est la détention de l'ex-dictateur Jorge Videla qui a éclipsé dans l'actualité le début du Mondial de football. Mercredi, des manifestants se rassemblaient devant le commissariat où était incarcéré l'ex-commandant en chef de la junte militaire, accusé d'être responsable de l'enlèvement de cinq mineurs, suppression de leur état civil et falsification d'identité, et qui se retrouvait pour la deuxième fois derrière les barreaux.

En 1985, deux ans après le retour de la démocratie, les chefs de la junte étaient jugés et reconnus coupables des crimes commis sous la dictature qui avait fait 30 000 disparus. Videla, auteur, entre autres, de 66 homicides, 306 enlèvements et 96 cas de torture, était condamné à la réclusion à perpétuité. Châtiment de courte durée, puisque, cinq ans plus tard, au nom de la «pacification nationale», le président Menem accordait le pardon aux plus hauts responsables, alors remis en liberté.

En Argentine, les grands-mères de la place de Mai, qui recherchent les enfants nés en captivité ou enlevés sous la dictature, n'ont jamais cessé de réclamer justice. Les délits d'enlèvements de mineurs sont imprescriptibles et plusieurs plaintes sont toujours en cours d'instruction. Deux des cinq enfants enlevés sous les ordres de Videla se trouvent actuel