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Libération

Malishevo, fief de l'UCK oublié par les Serbes. Dans cette localité à 99% albanaise, l'Armée de libération du Kosovo a pignon sur rue.

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publié le 15 juin 1998 à 5h44

Malishevo, envoyée spéciale.

Sur le bord de la route, les combattants, tous coiffés d'un béret frappé de l'écusson marqué du sigle UCK (Armée de libération du Kosovo), ont pris place dans une tranchée fraîchement creusée où, hier encore, il n'y avait que quelques sacs de sable. Une nouvelle barricade marque l'entrée dans le «territoire libéré» de l'UCK au centre du Kosovo. Elle n'est éloignée que d'un kilomètre du carrefour d'accès à la route nationale Pristina-Prizren, où des policiers serbes ne prennent même plus la peine de demander leurs papiers aux visiteurs. Entre les deux forces, aucun no man's land, mais un village où les paysans vaquent à leurs occupations.

Dans un paysage bucolique et serein fait de champs de blé encore verts, d'où émergent en taches bleues et rouges campanules et coquelicots, surgit l'unique gros bourg sous contrôle de l'Armée de libération, Malishevo, qui, avec les villages avoisinants, compte quelque 60 000 âmes. De là, on peut rejoindre tout le territoire qui chevauche même la principale route nationale du pays, aujourd'hui aux mains de l'UCK.

Malishevo n'est pas une enclave au sens bosniaque du terme. Les forces serbes ne cherchent pas à lui rendre la vie impossible. On y entre et on en sort. Les maisons ont l'eau et l'électricité. Au kiosque à journaux, on achète l'édition du jour de Bujku et Koha Dittore, les deux journaux en langue albanaise de Pristina. Les tracteurs viennent se fournir en diesel à la station essence. Un service d'autobus loc