Quelque 67 journalistes sont actuellement sous les verrous en
Turquie, condamnés le plus souvent du seul fait de leurs écrits. Aujourd'hui, il y en aura un de plus, Ragip Duran, 44 ans, que nos lecteurs connaissent sous son pseudonyme de Musa Akdemir. Depuis cinq ans, il assure à Istanbul la correspondance de Libération pour la Turquie. Chroniqueur et écrivain connu, longtemps collaborateur de la BBC et de l'AFP, chargé de cours à l'université francophone de Galatasaray, Ragip Duran, comme beaucoup d'intellectuels turcs, est convaincu qu'il n'y aura jamais de démocratie pleine et entière dans son pays sans une solution politique du problème kurde. Ils représentent quelque 13 millions des 60 millions de citoyens turcs et bénéficient de tous les droits de leurs concitoyens sauf de celui de se revendiquer collectivement comme kurdes. Ainsi, Ragip Duran est engagé depuis des années dans la bataille pour la reconnaissance du fait kurde et la démocratisation des institutions de la République créée sur le modèle jacobin par Kemal Atatürk après la Première Guerre mondiale.
C'est pour l'un de ses articles, publié en avril 1994 dans le quotidien pro-kurde Ozgur Ulke, fermé depuis, que Ragip Duran a été condamné à dix mois de prison par la cour de sûreté de l'Etat d'Istanbul le 18 décembre 1995. Un verdict confirmé par la Cour de cassation le 9 septembre 1997. Finalement, il en fera huit par le jeu des remises de peine. Son délit? Avoir comparé Abdullah Öcalan, dit Apo, leader du PKK