Kyriat Arba envoyé spécial,
L'armée israélienne touchera-t-elle à la tombe de Baruch Goldstein? Une loi qui doit entrer en vigueur dans les prochains jours lui ordonne d'«enlever tout monument commémorant des terroristes, à l'exception de la sépulture et de la dalle de pierre». Ce texte, adopté le 2 juin par la Knesset, vise expressément le mausolée érigé à la gloire du massacreur d'Hébron, ce colon qui un matin de 1994 avait assassiné une trentaine de musulmans agenouillés à l'intérieur du caveau des Patriarches. L'extrémiste religieux, tué par la foule après avoir vidé les chargeurs de son fusil d'assaut, fait l'objet, depuis, d'un véritable culte.
Il repose à la lisière de la colonie de Kyriat Arba, où il résidait. «Ci-gît l'homme saint, le Dr Baruch Goldstein, qui a sacrifié sa vie pour le peuple d'Israël, sa Torah et sa terre», lit-on sur la stèle. Le tombeau se trouve au milieu d'un parvis octogonal épousseté quotidiennement. Autour se dressent un meuble renfermant des livres de prières, une fontaine et un autel noirci par des milliers de cierges consumés.
Le site, bordé par des barbelés, donne sur la ville d'Hébron et ses 140 000 habitants palestiniens. Un parc qui le sépare de la rue principale est consacré à une autre figure de l'extrême droite israélienne, le rabbin Kahana, fondateur du mouvement raciste Kach, dont Goldstein était membre. Au-delà, ce sont les immeubles de Kyriat Arba, percés d'étroites fenêtres.
«Ce sont des fous!» s'écrie l'homme, coiffé d'une kippa