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Libération
Reportage

La Croatie face à ses fantômes oustachis. L'extradition d'un commandant de camp nazi réveille le passé.

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publié le 18 juin 1998 à 3h48

L'ancien officier nazi croate Dinko Sakic devait être extradé hier

soir vers la Croatie où il sera jugé pour des crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Dinko Sakic, 76 ans, qui réside en Argentine depuis 1947, avait été arrêté en avril à son domicile, quelques heures après l'enregistrement officiel par l'Argentine d'une demande d'extradition présentée par la Croatie.

Zagreb envoyé spécial, Le 30 avril, c'est par un silence assourdissant que Zagreb avait accueilli la nouvelle de l'arrestation en Argentine de Dinko Sakic. Un silence révélateur de la gêne qu'éprouve le régime du président croate Franjo Tudjman face à la réapparition inopinée de l'ancien commandant du camp de concentration de Jasenovac (Croatie), où furent massacrés par les oustachis (pronazis), de 1941 à 1945, plusieurs dizaines de milliers de Serbes, de Juifs, de Tsiganes et de Croates antifascistes.

Dinko Sakic, un retraité d'apparence paisible, ayant reconnu à la télévision argentine qu'il avait dirigé le camp de sinistre mémoire, les autorités de Zagreb n'ont pas eu le choix. Elles se sont rapidement résolues à demander son extradition, en partie pour prendre de vitesse le «frère ennemi» yougoslave qui venait d'entamer la même démarche auprès de Buenos Aires. La Croatie se prépare désormais à juger l'ancien responsable oustachi au cours d'un procès qui promet d'être douloureux. Car, depuis 1990, les autorités de Zagreb n'ont pas ménagé leurs efforts pour réhabiliter partiellement le régime d'Ante P