De Moscou à New York, Vienne ou Delhi, partout où elle se rend, la
silhouette en toge grenat est assaillie par des admirateurs émus par le sort du Tibet. Hollywood lui a consacré deux films en un an, consolidant une véritable «dalaïmania». Côté pile, le dalaï-lama est l'autorité reconnue du culte lamaïste dit des «bonnets jaunes», l'une des branches du bouddhisme; côté face, l'«océan de sagesse» est le chef du gouvernement tibétain, installé en Inde depuis sa fuite en 1959 avec 100 000 fidèles.
Prix Nobel de la paix en 1989, Tenzin Gyatso (de son vrai nom) se veut une sorte de pape de la non-violence, dont il prêche les préceptes sans relâche dans le monde. Lundi soir au palais des Sports à Paris, quelque 6 000 fidèles et curieux s'étaient déplacés pour entendre ses sermons, qui ont l'air de conversations entrecoupées de rires tonitruants, d'où transpire plus le bon sens et l'humour que le dogme. «Fondamentalement, je suis mi-marxiste, mi-bouddhiste», a-t-il dit de lui-même hier à l'Assemblée nationale, où il était invité par son président, Laurent Fabius, et le président de la commission des affaires étrangères, Jack Lang. Seuls paraissent vouloir l'éviter à tout prix les membres de gouvernements qui craignent de se voir accuser par la Chine populaire du crime d'«ingérence dans les affaires intérieures». Le dalaï-lama est qualifié par Pékin d'«instrument des forces antichinoises», et ses photos sont interdites au Tibet. Pendant son séjour à Paris, le dalaï-lama n'a ainsi eu a