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Libération

Prague: les sociaux-démocrates vers une courte victoire. Le libéral Vaclav Klaus dramatise les effets de cette alternance.

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par Anne MADAK
publié le 19 juin 1998 à 3h54

Prague, de notre correspondante

Au centre de ses affiches de campagne, sur fond de sapins verts et de prairies, tranquille comme un alpage suisse, Milos Zeman a laissé la place à la vice-présidente du parti, la jeune, blonde et très populaire Petra Buzkova. Mais quand le minibus (instrument privilégié des campagnes de terrain des sociaux-démocrates depuis 1996) s'arrête sur une place de Kravina ­ petite ville minière de Moravie du Nord, frappée par les fermetures de puits et le chômage ­, Milos Zeman est seul. Et pugnace: «Le gouvernement de Klaus n'a pas eu de politique industrielle. L'argent des entreprises a été pillé dans les privatisations. Et les coupables doivent être punis!» Le public, des gens âgés et des Tsiganes au chômage, applaudit.

«Privatisations». Plus tard, lors d'une nouvelle pause, le dirigeant social-démocrate, donné en tête dans les sondages, rencontre une délégation d'enseignants du primaire en grève. Il leur promet une augmentation «de 10 à 20%» de leur maigre salaire (6 000 couronnes, environ 1 100 francs) mais la conditionne «à l'état réel de l'économie que va nous laisser la droite». Quelques jours plus tard, à Prague, il assure vouloir «continuer les privatisations». «Il me plaît bien, confie Sacha Snajdar, informaticien de 29 ans. Klaus parle tout le temps de libéralisme, mais, avec le système qu'il a mis en place et l'enchevêtrement des banques et des grandes sociétés privatisées, il est pratiquement impossible de créer quelque chose tout seul.» L