Stockholm de notre correspondant.
«Bien sûr, il s'agit d'une loi féministe. Mais, avec le Parlement le plus égalitaire au monde, il est normal qu'une question défendue par les organisations féminines devienne une question politique.» Et c'est ainsi que la Suède où plus de 40 % des députés sont des femmes a voté il y a quinze jours une loi qui criminalisera, dès le 1er janvier, l'achat de services sexuels. Jusqu'à six mois de prison. Mais qui n'interdira pas aux prostituées de continuer à tarifer leurs charmes. Des prostituées, mais pas de clients? Inger Segerström assume cette apparente ambiguïté. Députée, présidente de la Fédération des femmes sociales-démocrates, elle s'est battue depuis des années pour ce projet. «Il s'agit pour nous, dit-elle, de marquer que la société n'accepte pas qu'un homme puisse acheter une femme pour son plaisir. Cela a très peu à voir avec la sexualité. Il s'agit d'une question de pouvoir et d'égalité.» Pourtant, même en Suède, cette loi est très controversée. La plupart des administrations et associations confrontées à la prostitution voulaient soit aucune criminalisation, soit la criminalisation du client et de la prostituée.
«Cela aurait été un message préventif à l'attention de toutes les jeunes femmes qui pourraient être tentées par la prostitution», estime Carl-Erik Sahlberg, pasteur de l'église suédoise, dans sa paroisse de Santa-Clara, près de la gare centrale de Stockholm. Depuis dix ans, il est au contact des prostituées. Elles sont