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Libération

Autodafé dans l'Oural. L'évêque Nikon fait brûler les livres de trois théologiens orthodoxes.

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publié le 22 juin 1998 à 4h04

Moscou, de notre correspondante.

La ville de Iekaterinbourg, dans l'Oural, a été le théâtre le mois dernier d'un événement digne de l'Inquisition: un autodafé de livres «hérétiques». A la suite de la décision de l'évêque local, Nikon, les écrits de trois théologiens orthodoxes ont été condamnés, et leurs ouvrages brûlés dans la cour du séminaire de la ville.

L'affaire a été révélée par un groupe d'intellectuels orthodoxes de Iekaterinbourg, réunis dans l'association Vstretcha (Rencontre). L'un de ses animateurs, Andreï Sannikov, journaliste culturel à la télé locale «10e Chaîne», y a consacré un reportage. Puis le quotidien moscovite Nezavissimaïa Gazeta s'est saisi de l'affaire, fustigeant le retour de «méthodes totalitaires».

Le 5 mai dernier, l'évêque Nikon réunit la direction de l'éparchie (diocèse orthodoxe). A l'ordre du jour: la littérature religieuse à conseiller aux paroissiens. Agé de 38 ans, comptable de formation, l'évêque est connu pour son conservatisme. Ses détracteurs lui reprochent aussi son manque de formation: il n'aurait toujours pas terminé sa formation spirituelle par correspondance.

A l'issue de la rencontre, trois théologiens orthodoxes sont accusés de promouvoir des «thèses dangereuses et hérétiques». Leurs livres sont bannis du diocèse. Quelques heures plus tard, le séminaire de Iekaterinbourg reçoit un appel téléphonique de l'évêché. Il se voit intimer l'ordre de confisquer les livres «dangereux» et de les brûler. Les placards des étudiants sont fouil