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Libération

Togo: un fantôme entre les candidats à la présidentielle. Eyadéma affronte le fils de Sylvanus Olympio, qu'il a tué.

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publié le 22 juin 1998 à 4h03

Le face-à-face électoral d'hier avait des allures de revanche

historique. D'un côté, Gnassingbé Eyadéma, président du Togo depuis trente et un ans, un des derniers «dinosaures» d'Afrique francophone; de l'autre, Gilchrist Olympio, chef d'un des partis d'opposition togolais et surtout fils du premier président du pays, Sylvanus Olympio, assassiné lors d'un coup d'Etat, en 1963, dont l'un des instigateurs était" Eyadéma. Ce dernier, alors prénommé Etienne et jeune lieutenant-colonel, avait affirmé haut et fort à l'époque qu'il avait lui-même tué Sylvanus Olympio, alors qu'il s'était réfugié dans le jardin de l'ambassade des Etats-Unis. Il a ensuite gommé cet aspect embarrassant de sa biographie. Il l'avait pourtant déclaré à Time Magazine (25 janvier 1963): «Il (Olympio) ne pouvait pas rester là-bas. Il y aurait eu des manifestations. Il ne voulait pas bouger. Je l'ai tué.» Les télégrammes de l'ambassade des Etats-Unis parlaient alors d'Eyadéma comme du «self-confessed assassin of président Olympio» («meurtrier de son propre aveu du président Olympio»)" Trente-cinq ans plus tard, pour la première élection présidentielle pluraliste à laquelle participe l'opposition, Gilchrist Olympio, opposant de toujours, se présente contre l'autocrate vieillissant qui dirige ce petit pays d'Afrique de l'Ouest contre vents et marées. Mais Olympio n'était pas présent au Togo pour les opérations de vote d'hier: il a choisi de rester dans son exil au Ghana voisin, pour raisons de sécurité, dit-il