Miami, de notre correspondant.
En élisant avec une marge d'avance relativement confortable leur nouveau président de la République, les Colombiens ont manifesté, dimanche, un profond désir de changement. Le vainqueur, Andres Pastrana, 44 ans (parti conservateur), avait d'ailleurs fait du «changement maintenant» le principal argument de sa campagne. Et si, démentant les derniers sondages, les électeurs ont finalement tourné le dos à son rival, Horacio Serpa, 55 ans (parti libéral), c'est parce que ce flamboyant tribun, en dépit de ses racines populaires, incarnait la «continuité» avec le bilan calamiteux et les pratiques du président en exercice, Ernesto Samper. Participation record. Plus que le score obtenu par Pastrana (50,6% des voix contre 46,3% à Serpa et 3,1% de votes blancs ou nuls), c'est le taux de la participation qui exprime sans doute le mieux l'espoir des Colombiens. Il y a quatre ans, lors de la dernière élection présidentielle, quatre inscrits sur dix seulement avaient jugé utile de se déranger, le jeu paraissant totalement confisqué par les deux partis qui monopolisent la vie politique depuis un demi-siècle. Cette fois, l'irruption au premier tour d'une candidate «indépendante» (Noemi Sanin) a capitalisé sur son nom le quart des suffrages, mobilisant de nombreux abstentionnistes. Et Andres Pastrana s'est moins réclamé du parti conservateur que d'un «rassemblement» créé pour la circonstance qu'ont rallié de nombreuses personnalités libérales et de prestigieux i