Schwytz, envoyé spécial.
Jelena Klaric, domiciliée vingt-quatre ans en Suisse, biochimiste, directrice d'un laboratoire médical, refusée à la naturalisation. Sa fille, Milica, 14 ans, refusée aussi. Said Agküc, domicilié vingt ans en Suisse, tailleur, refusé à la naturalisation, comme sa femme, et ses trois enfants nés en Suisse. Tavarin Samar, ingénieur, dont la fille a épousé un Suisse, refusé" Isoloir. Ils avaient pourtant tout pour eux. La commune, le canton et la Confédération étaient favorables à leur naturalisation. La police n'avait rien à leur reprocher. Leur CV, accompagné d'une photo, avait été envoyé à tous les habitants de leur commune. Ils étaient prêts à payer la taxe de naturalisation de 2 000 ou de 3 000 francs suisses (8 000 à 10 000 francs français). Eux-mêmes s'étaient présentés devant l'assemblée communale. Aucun habitant n'avait élevé la moindre objection. Mais voilà. Dans le canton de Schwytz (Suisse allemande), le peuple est souverain. A main levée ou dans l'isoloir, il vote les naturalisations, comme si les candidats qui demandent le passeport suisse étaient des politiciens en quête de mandat. Et le peuple, ici, dit souvent «non».
Le maire de la commune de Schwytz, Urs Marty, membre de l'UDC, reconnaît: «Il y a un groupe de citoyens qui, par principe, refuse toutes les naturalisations.» Le maire pense que les candidats s'y prennent mal: «Vous comprenez, Schwytz est divisé en quatre quartiers. Or les candidats ne sont connus que dans un seul, celui où