Près de 1,2 million d'électeurs nord-irlandais votaient hier pour
désigner une nouvelle Assemblée semi-autonome, pièce cruciale du dispositif institutionnel prévu par l'accord de paix historique conclu le 10 avril entre protestants et catholiques.
Ballycastle, envoyé spécial.
Sous le timide soleil de Ballycastle, la station balnéaire d'Irlande du Nord, Joe Cahill a la tête d'un papy vraiment gentil. Il marche à petits pas au bord de la mer, remettant, sur son nez veinulé, de grosses lunettes réparées avec un trombone. Il ne faut pas se fier aux apparences. Joe Cahill, 78 ans, et pour la première fois de sa vie candidat de Sinn Féin, dans cette circonscription du North Antrim, au nord de Belfast, n'est pas un retraité comme les autres. Commandant de l'IRA dans les années 70, marchand d'armes pour les soldats de l'ombre, trésorier du mouvement républicain, condamné à mort pour meurtre, Joe fait partie des légendes des guerres d'Irlande, tout comme son adversaire dans cette circonscription farouchement protestante, le révérend Ian Paisley, septuagénaire lui aussi et ennemi juré des catholiques et des républicains. C'est Jurassic Park sur les collines d'Ulster, le combat de deux dinosaures, rescapés de la violente histoire de leur terre commune.
Meurtre. Mais, si le révérend Paisley continue de fulminer contre l'accord de paix conclu en avril dernier, l'ancien de l'IRA a mis toute sa popularité derrière la stratégie de Gerry Adams. Condamné à mort en 1942 pour le meurtre d'un polici