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Libération

Italie: meurtre mafieux à la fac. Un professeur aurait fait assassiner un collègue à Messine.

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publié le 26 juin 1998 à 4h25

Rome, de notre correspondant.

Parce qu'il représentait un obstacle au bon fonctionnement du système de pots-de-vin en vigueur à l'université de Messine, le professeur Matteo Bottari a été abattu par la Mafia le 15 janvier. Mercredi, les juges ont finalement identifié et écroué un suspect: l'un de ses collègues, Giuseppe Longo, aurait commandité le meurtre.

Pour l'heure, le professeur Longo, en charge du service d'hépatologie de la polyclinique universitaire de Messine, n'est officiellement inculpé que pour «association mafieuse». L'enseignant, qui proteste de son innocence, est accusé d'avoir entretenu des liens avec le chef du clan de la N'dranghetta (la Mafia calabraise) locale, Giuseppe Morabitto, surnommé «Peppe u Tiradrittu» («Peppe va droit devant»), actuellement en cavale. Mais le magistrat chargé du dossier ne cache pas qu'il l'a également placé sous enquête pour l'élimination de son collègue. L'actuel vice-recteur de l'université et le secrétaire du rectorat sont pour leur part accusés de complicité externe avec la Mafia, tandis que l'ex-recteur Diego Cuzzocrea est inculpé pour avoir couvert le meurtre Bottari.

Au-delà, c'est tout un système crapuleux que les enquêteurs ont mis au jour. Depuis plusieurs années, l'université de Messine aurait ainsi été le centre d'un important réseau d'opérations illégales: trafic de diplômes, carrières universitaires achetées et, surtout, juteuse gestion des appels d'offres publics pour la clinique universitaire. Une affaire estimée à