Menu
Libération

Amares, terre réfractaire à l'IVG. Le Portugal, très catholique, vote pour ou contre l'avortement.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 juin 1998 à 4h30

Amares, envoyé spécial.

Manuel frappe trois fois sa bêche par terre, sur l'étroite piste aux pavés grossiers qui s'enfonce entre les lopins de vigne, de choux et de maïs: «Non, non et non! Ici, l'avortement ne passera jamais, nous sommes tous contre. Ici, il n'y a pas de communistes.» Et c'est comme s'il disait: le diable. Le Portugal vote dimanche, par référendum, pour ou contre la dépénalisation de l'avortement jusqu'aux dix premières semaines de grossesse. Les sondages promettent une victoire du oui, mais le résultat reste incertain. L'Eglise fait de la résistance.

Manuel a passé quinze ans à Epinay-sur-Seine, comme maçon, avant de rentrer au pays cultiver ses lopins de terre à Paredes Secas ­ 250 âmes paysannes sur la commune d'Amares, dans le nord catholique du Portugal. A 59 ans ,et toujours quatre messes hebdomadaires, il ne va pas changer ses convictions ou écouter les arguments en faveur de la libéralisation: «Je suis catholique. Chez nous, nous sommes catholiques à 100%. Alors, l'avortement, c'est non. Parce que c'est comme ça et pas autrement. Parce que seul Dieu peut choisir de donner ou non la vie.»

A l'heure de la messe du samedi soir, la petite église couverte d'azulejos de Dornelas, qui jouxte Paredes Secas, déborde de monde jusque sur le parvis. Tout le village semble s'être donné rendez-vous, et pas seulement les veuves noires: agriculteurs en manches de chemise, femmes en tabliers, groupes de jeunes, gamines qui portent parfois le tee-shirt de campagne «Abort