Menu
Libération

Kabylie: flambée de coleère à Tizi-Ouzou. Le centre-ville saccagé après le meurtre de Matoub Lounès.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 juin 1998 à 3h35

Ses chansons étaient celles de la révolte. Et plus de cinq heures,

durant vendredi, le centre de Tizi Ouzou s'est enflammé, au lendemain de l'assassinat de Matoub Lounès, l'un des chanteurs symboles de la cause berbère. Jeudi déjà, lors de l'annonce de sa mort, des jets de pierres avaient fait voler en éclats quelques vitrines. Le portail du palais de justice avait été arraché et le ministre de la Santé empêché par les manifestants de pénétrer dans l'hôpital. Mais, vendredi, la colère s'est exprimée plus violemment. Comme si la douleur cédait la place à une révolte contre les autorités et contre l'entrée en vigueur, le 5 juillet, d'une loi faisant de l'arabe la seule langue autorisée en Algérie.

Tout avait commencé par un rassemblement devant la morgue où la dépouille de Matoub reposait, l'expression presque sereine. Ils étaient des centaines à se recueillir là, devant ce corps touché par plusieurs balles, dont une au coeur et une au front. Saïd Saadi, le leader du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), s'y était rendu aussi.

Comme la veille, après l'annonce de l'assassinat, où un sit-in s'était spontanément organisé devant l'hôpital pour se disperser seulement en fin de soirée, ces jeunes sont sous le choc. Des hommes pleurent. Des cris de douleur éclatent au milieu de la foule. Une jeune femme entonne une des chansons du disparu. Sa voix se brise et de nouveaux cris de douleur fusent. «Les salauds l'ont tué», crient des manifestants. D'autres slogans visent le