L'inquiétude était grande, hier, en Kabylie, en dépit du calme dans
lequel se sont déroulées les obsèques du chanteur Matoub Lounès, assassiné dans une embuscade, jeudi, près de Tizi-Ouzou. Pour la première fois depuis sa mort, le sang a coulé samedi et dimanche et cinq personnes ont été tuées dans des violences qui ont tourné à l'émeute dans plusieurs villes de Kabylie. Limitées d'abord à Tizi-Ouzou, ces violences se sont étendues samedi à Bejaïa, Tazmalt, Aïn el-Hammam, Akbou, Sidi Aïch, Tizi-Guenif, où des dizaines d'édifices publics, le mobilier urbain, des tribunaux, des sièges de partis politiques ceux du FLN, l'ancien parti unique, et du RND, le parti présidentiel ont été saccagés et brûlés. «Tous les symboles de l'Etat ont été systématiquement détruits ou pillés par des jeunes de 15 à 20 ans auxquels se sont joints ensuite des adultes. Ces manifestations paraissaient très anarchiques, même si on y distinguait quelques meneurs», affirment des témoins. Samedi matin pourtant, Tizi-Ouzou était quadrillé par les forces de sécurité qui n'ont d'abord pas réagi en dépit des barricades érigées un peu partout dans la ville. C'est au bout de quelques heures que les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants à coups de lacrymogènes et en lançant des tirs de sommation. Comment deux personnes ont-elles été tuées à Tizi une, selon le bilan officiel et une à Sidi Aïch? Le ministère de l'Intérieur affirme que les policiers n'ont pas tiré à Tizi, et qu'à Sidi Aïch, un manife