Menu
Libération

Jacques Chirac en visite au Mozambique. A Maputo, l'aide française au coin de la rue. Parmi les projets de coopération, la numérotation des rues de la capitale.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 juin 1998 à 4h36

Maputo envoyée spéciale

Des enfants en rollers dévalent l'avenue Patrice-Lumumba. Au coin des avenues Lénine et Ho-Chi-Minh, un homme somnole en terrasse. Puis c'est la Karl-Marx, opulente avec son terre-plein central et ses magasins. Maputo n'a pas honte de son passé. Les plaques neuves qui ornent les coins de rue offrent en accéléré un demi-siècle d'une idéologie dont le Mozambique a fait table rase en 1989 (1). Mais au cas où la municipalité voudrait se débarrasser de ce panthéon marxiste, ce fou de l'«adressage» qu'est Taoufik Lahlou a quand même prévu un système de numérotation qui permettra d'identifier les quelque 5400 rues de la capitale, dont la plupart des gens avaient oublié le nom. Sa société d'ingénierie parisienne, Groupe Huit, a aussi prévu de numéroter 100 000 portes. Chose inouïe dans une ville africaine où le seul moyen de recevoir du courrier est de louer une boîte postale: on voit apparaître des facteurs en tricycle.

L'idée, financée par la coopération française, n'a rien de fantaisiste. Après dix-sept ans de guerre civile, Maputo ne sait plus qui elle est. Entre exode rural et retour des réfugiés, la population croît de 8% par an. L'aéroport est au milieu de la ville et les infrastructures insuffisantes pour 1,3 million de personnes. L'identification des rues et des bâtiments a permis de créer une banque de données ­non nominative­ dont Taoufik Lahlou est très fier: «La municipalité ne savait même pas combien il y avait de dispensaires, où étaient les