Gaza envoyé spécial
Depuis son retour à Gaza, dans la nuit de mercredi à jeudi, son salon ne désemplit pas. Des dizaines de visiteurs poussent la porte métallique de sa maison basse et attendent à la queue leu leu de pouvoir saisir l'une de ses mains inertes et poser un baiser dévot sur son front.
Vénération. Le fondateur du Hamas, la tête penchée sur le côté, la barbe immobile, gratifie ses hôtes d'un sourire et d'un roulement des yeux. Un assistant s'approche de son maître avec respect, chasse de la main une mouche importune et rajuste du bout des doigts le voile blanc qui recouvre sa tête. Ce quadraplégique, rivé à sa chaise roulante, est plus que jamais vénéré par ses troupes. Le cheikh Ahmed Yassin était parti en février se faire soigner en Egypte. Son voyage de santé s'est mué en tournée diplomatique triomphale. Les tapis rouges déroulés en son honneur par les Etats de la région font de lui presque l'égal de Yasser Arafat. Mais l'homme, âgé de 62 ans, affirme qu'il ne cherche pas à porter ombrage au raïs: «Je n'avais pas prévu de m'absenter si longtemps. Plusieurs pays m'ont invité. Je ne pouvais pas refuser ["] Ce que j'ai obtenu, ce n'est ni pour moi ni pour le Hamas, mais pour l'ensemble de notre peuple, Autorité palestinienne incluse», dit-il dans un entretien accordé à deux journalistes français. Ses interlocuteurs se seraient engagés à lui apporter «un soutien dans tous les domaines»: politique, moral et aussi financier. Mais le dirigeant islamiste reste discret