«Aujourd'hui, c'est une grande joie. Nous saluons la naissance de
Matoub Lounès», a affirmé sa soeur Malika depuis la terrasse de la maison familiale. Sa vieille mère, Aldjia, a tiré deux coups de feu auxquels ont répondu plusieurs salves tirées par des habitants de Taourit Moussa, son village natal. C'est ainsi qu'on salue la naissance d'un enfant mâle en Kabylie. Entouré d'un drapeau algérien, le corps de Matoub Lounès a été porté en terre juste devant sa maison, comme il le souhaitait, entre un cerisier et un figuier, face aux montagnes et aux innombrables villages perchés sur les crêtes de Kabylie.
Evanouissements. Autour, dans une chaleur suffocante, la foule est immense, difficile à évaluer car serpentant le long des routes, des côtes, des dépressions. Des grappes humaines sont accrochées aux arbres et aux toits. En contrebas du village, des files de voitures s'étendent sur des kilomètres. Partout, des sanglots, une colère froide, des portraits du chanteur assassiné jeudi. Et un seul cri scandé régulièrement et longuement par la foule tout entière: «Pouvoir assassin!» La dernière chanson de Matoub composée sur la musique de l'hymne national algérien Kassamane retentit au milieu des larmes: très dure à l'encontre du pouvoir, elle attaque la coalition gouvernementale à laquelle participe l'islamiste «modéré» Mahfoud Nahnah. Des dizaines de personnes, victimes d'évanouissement, sont soignées par la protection civile.
Dès le petit matin, ils avaient été des dizaines de millie