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Libération

L'Angola, nouvel Eldorado de l'or noir. Les compagnies se disputent le filon off-shore à coups d'enchères faramineuses.

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publié le 30 juin 1998 à 4h43

Luanda (Angola), envoyée spéciale.

Le bar de l'aéroport est occupé par une population exclusivement blanche, masculine et anglophone. Accents texan ou gallois, gros rires et biceps entraînés à lever la canette de bière. Ils fêtent le retour au pays, avec en poche, le salaire du pétrole. Luanda vit une ruée vers l'or des temps modernes: flot ininterrompu d'hommes et d'argent, grosses bagnoles et ghettos pour étrangers. La paix théorique qui règne depuis deux ans, les récentes découvertes faites en mer profonde aiguisent les appétits. Ceux des compagnies étrangères, comme ceux de l'élite dirigeante.

Casino. L'off-shore angolais fonctionne comme un casino où les compagnies pétrolières du monde entier se mesurent à coup d'enchères faramineuses. C'est à qui mettra le plus de dollars sur la table de Sonangol, la compagnie d'Etat angolaise, pour obtenir le droit d'envoyer les hommes forer plus loin, plus profond. Ici, on ne parle même plus de gisements. On dit «province pétrolière» pour décrire les fonds qui vont de l'enclave de Cabinda jusqu'au sud de Luanda. L'Angola, qui produit 730 000 barils/jour, pourrait, d'ici une dizaine d'années, rivaliser avec le Nigeria, premier producteur africain avec 2 millions de b/j.

De l'extérieur, rien n'indique que les bureaux de Elf sont installés dans cet immeuble qui donne sur la baie de Luanda. La filiale angolaise de la compagnie française, qui tire 51% de sa production du continent africain, fait dans la discrétion. En Angola, «la France a