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Portrait

Ras le Kohl

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Christoph Schlingensief, 38 ans. Mélangeant théâtre et politique, il attaque Helmut Kohl et traduit le ras-le-bol des Allemands pour le chancelier.
publié le 30 juin 1998 à 4h39

Le décor évoque une campagne électorale. Deux blondes en minijupe rose se trémoussent, façon pom-pom girls. Quelques récitants, dans des soutanes trop grandes, prononcent la messe funèbre de la démocratie, au pied de la Paulskirche de Francfort-sur-le-Main, l'illustre église qui accueillit le premier parlement allemand, en 1848. Au centre de la scène, un bel homme hirsute crache un torrent de mots: «Nous voulons pleurer, pleurer, pleurer. Après seize ans d'Helmut Kohl, nous ne savons même plus si nous existons. Signez pour moi. Cela n'engage à rien. Vous pourrez continuer à acheter une machine à laver, à manger de la glace ou à voter pour un autre parti.»

Cet orateur déchaîné, les Allemands commencent à bien le connaître. Christoph Schlingensief est l'«enfant terrible», le «provocateur professionnel», le «maître du chaos»", rapportent les médias, qui peinent à suivre les méandres de son parcours à travers le cinéma, le théâtre puis la politique. En août à la Dokumenta, le rendez-vous d'art contemporain de Kassel, il s'était fait embarquer par la police pour avoir crié «tuez Kohl!». Depuis, son discours politique s'est étoffé, c'est même devenu sa dernière grande" pièce de théâtre.

Christoph Schlingensief a fondé un parti, baptisé Chance 2000, et l'a lancé dans la campagne pour les prochaines législatives du 27 septembre. Son programme est un gag: offrir une plate-forme pour permettre à chaque électeur de" voter pour lui-même. Il repose sur un constat grave: dans un pays champi