Les dernières semaines avant son assassinat dans sa Kabylie natale,
le chanteur Matoub Lounès préparait la sortie de son quatrième album produit depuis que l'Algérie a plongé dans la violence. Lettre ouverte aux" est le plus politiquement engagé et le plus agitateur. Le bouillonnant chanteur berbère a voulu puiser ses thèmes dans l'actualité du moment et celle à venir, mais en usant de deux armes infaillibles: l'humour et l'accusation, comme ultime sursaut face à l'éminente application de l'arabisation à outrance dans son pays.
Hymne algérien. Ce CD, qui sera mis en vente le 10 juillet en France, s'ouvre par un texte en kabyle sur l'air, arrangé, de l'hymne national algérien. Dans cette Lettre ouverte au pouvoir, l'enfant terrible de la chanson berbère dénonce le rapprochement entre le régime d'Alger et une frange de l'islamisme: «"Vous vous souvenez/ Vous vous rappelez qui était Bouyali (1)/ Avec qui il était?/ La porte de la mort et de l'oppression/ Inutile de chercher plus loin/ C'est Nahnah (2) avec qui il avait scellé un pacte (d'agression contre le peuple)/ Et oui! aujourd'hui on les observe!/ Au pouvoir ce sont eux/ Ils ont changé leur fusil d'épaule/ Ils sont entrés dans le pouvoir sur la pointe des pieds et pour eux le temps ne compte pas"»
Sortie le 5 juillet. Interprété dans ses deux styles musicaux habituels, le genre «chaabi», d'Alger, puis celui des montagnes kabyles, le CD a été enregistré à Paris. La maison de disques Blue Silver, distributrice de l'album avec V