Genève, de notre correspondant.
«Il ne nous reste plus que la voie des armes.» Pour Nasser (1) l'Albanais, 32 ans, la cause est entendue: la kalachnikov est la seule réponse possible à l'oppression du régime de Belgrade. Début juin, le frère aîné de Nasser a quitté Genève pour combattre les Serbes. Il est en train de recevoir une instruction militaire minimale au sein de l'Armée de libération du Kosovo, l'UÇK. Nasser va sans doute l'imiter. Sa femme enceinte et ses deux enfants comprendront. Quant à Ibrahim Rugova, «le président» du gouvernement kosovar en exil, dit «le Gandhi des Balkans» à cause de son pacifisme, Nasser le traite avec mépris de «poulet», car il ne fait que «caqueter».
Parmi les quelque 180 000 Kosovars de Suisse, ils sont des milliers aujourd'hui à penser rejoindre les rangs de l'UÇK. Les plus déterminés sont déjà partis. D'autres n'attendent qu'un signe d'une «autorité» pour les rejoindre. «La liberté ne se donne pas. Elle se conquiert», dit Beni, 40 ans, installé depuis seize ans en Suisse et travaillant dans la restauration. Autour de lui, à la cafétéria de l'Université populaire albanaise, à Genève, les hommes hochent la tête. Un peu plus tôt, à 18 h 33 comme chaque soir, ils étaient peut-être 300 à regarder le journal de la télévision albanaise dans un silence de plomb. Un homme s'est pris le visage entre les mains lorsqu'il a vu son village en train de brûler. Résistance. Depuis le massacre de Drenica en mars dernier, qui avait vu un village entier dé