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Libération

Pour l'ex-Premier ministre Rocard, le Rwanda «prend 20 secondes». Les décisions se prenaient à l'Elysée, dit-il devant la Mission.

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publié le 1er juillet 1998 à 6h57

La Mission d'information sur le Rwanda en est à sa 26e séance, et la

désagréable impression de ne pas retrouver «le réel dans les témoignages officiels» ­ pour reprendre les termes de l'historien Gérard Prunier ­ persiste. L'audition, hier après-midi, de quatre ministres, dont l'ancien Premier ministre Michel Rocard, fut à cet égard un sommet de désinvolture envers cet exercice de mémoire collective que se veut le travail des parlementaires français.

Le matin, Gérard Prunier a longuement répondu aux questions des députés. L'auteur de Rwanda: le génocide (1) a retracé l'itinéraire politique des Rwandais qui jouèrent un rôle de premier plan dans la préparation et l'exécution du génocide de 1994, qui a fait près de 1 million de victimes, majoritairement tutsis et hutus modérés. Il a donné son analyse de ce qu'il appelle la «faute», ou l'«échec final d'une certaine conception de la politique africaine», héritée du gaullisme.

La France n'a pas voulu le génocide, dit-il en substance, mais elle s'est fait manipuler par le régime Habyarimana, dont elle a adopté le point de vue, et a, en cela, «contribué à sa faisabilité». Tant qu'à intervenir au Rwanda, il fallait le faire payer cher, dit-il, c'est-à-dire faire véritablement pression sur un pouvoir qui prônait l'apartheid des Tutsis, pour soutenir les modérés et élargir l'espace de liberté entre les deux communautés. Au lieu de cela, on va envoyer «quelques bidasses au président Habyarimana», comme le lui confie en octobre 1990 Jean-C