Amsterdam de notre correspondante
Alors que Jacques Chirac critiquait une fois de plus, le mois dernier à New York, la politique néerlandaise en matière de drogue, les Pays-Bas continuent sans broncher leur approche médico-sociale du toxicomane, entamée il y a vingt ans. Ils lancent aujourd'hui une expérience osée: la distribution gratuite d'héroïne à des drogués pour lesquels tous les programmes d'aide ont échoué.
Depuis vingt ans, les utilisateurs de drogues dures aux Pays-Bas peuvent être accueillis dans des centres sociaux où on leur distribue gratuitement de la méthadone, produit de substitution à l'héroïne. On essaie également de leur trouver un emploi et un toit. Mais si la méthadone a réussi à «stabiliser» de nombreux toxicomanes, certains errent toujours à la recherche d'héroïne. Ils ne travaillent pas, et tombent souvent dans la criminalité pour pouvoir assouvir leur besoin. C'est pour eux que la distribution d'héroïne est mise en place. Pour y participer, il faut avoir plus de 25 ans et être inscrit depuis au moins cinq ans à un programme de méthadone.
A petites doses. A Amsterdam, on estime à 5 000 le nombre de toxicomanes «durs», dont un millier considérés comme problématiques. Or, le projet, qui, à terme, devrait toucher 750 drogués, commence à une toute petite échelle: 50 personnes à Amsterdam et 50 à Rotterdam. La sélection a été sévère. «Les volontaires pour participer au projet étaient légion et, en dernière instance, il a même fallu tirer au sort», explique