Au lendemain de la mort en prison du principal opposant au régime
militaire nigérian, Moshood Abiola, le général-président Abdusalam Abubakar s'est adressé hier soir à la nation pour exprimer ses condoléances. Il a aussi appelé au calme et réitéré sa volonté de ramener dans les casernes l'armée, au pouvoir depuis 1986 dans l'Etat le plus peuplé d'Afrique. Le chef de la junte militaire, qui a pris les rênes après le décès de son prédécesseur, le général Sani Abachi, il y a un mois, n'a toutefois donné aucune précision quant aux étapes du retour à un régime civil, en principe prévu le 1er octobre.
Dans l'après-midi, il avait pourtant décrété la dissolution du gouvernement fédéral à l'issue d'une réunion de l'autorité militaire suprême, la seule institution qui reste désormais en place. Confirmant que Moshood Abiola était «sur le point d'être libéré de sa détention», après quatre ans d'emprisonnement arbitraire, le général Abubakar a rendu un hommage inattendu à l'opposant, élu président en juin 1993 mais privé de sa victoire par les militaires. «Pour moi personnellement, de même que pour toute la nation, ce doit être un des moments les plus tristes dans notre existence. Je n'aurais jamais cru que je devrais faire face à de telles tragédies en l'espace d'un mois.» Il a promis une «autopsie complète» pour élucider la cause de la mort, controversée, de l'opposant, «en accord avec la famille Abiola et en associant des médecins légistes américains, britanniques et canadiens».
Appel au