Alors que le pays traverse l'une de ses plus sérieuses crises
économiques, les rizeries thaïlandaises viennent à la défense des travailleurs immigrés. Depuis la semaine dernière, quelque 500 rizeries de Bangkok et des provinces avoisinantes, ces usines où l'on traite le paddy afin d'obtenir du riz décortiqué, ont cessé leurs activités en protestation contre l'expulsion de sa main d'oeuvre étrangère, des milliers de Birmans ou Laotiens employés à porter les sacs de riz dans les entrepôts. Si le gouvernement expulse tous les travailleurs immigrés, les rizeries mettent la clef sous le paillasson faute de main d'oeuvre, affirme l'Association des patrons de rizeries, qui a lancé le mot d'ordre de grève.
Premier pays touché par la crise asiatique, la Thaïlande expulse à toute vitesse ses étrangers (lire Libération du 2 avril dernier). La police organise une véritable chasse aux immigrants, légaux et illégaux, et, depuis le début de l'année, 260 000 Birmans, mais aussi des Laotiens, des Cambodgiens, des Bangladais, ont été expulsés. Selon le calcul du gouvernement de Bangkok, l'expulsion des immigrants permettrait à l'emploi de résorber en partie les chômeurs thaïlandais, dont le nombre a dépassé en mai la barre des deux millions. Un calcul simple, mais peu réaliste.
En effet, peu de Thaïlandais sont enclins à accepter les travaux pénibles et sous-payés qu'occupent jusqu'ici les immigrants. Depuis toujours, certains secteurs de l'économie thaïlandaise, comme la pêche ou la constructio