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Libération

L' Algérie renoue avec les grandes manifestations. Mobilisation malgré un attentat qui fait dix morts à Alger.

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publié le 10 juillet 1998 à 5h58

Alger aura connu tout à la fois, hier: un attentat aveugle

terriblement meurtrier puisqu'il a fait 10 morts et 21 blessés dont 5 graves; l'une de ses plus importantes manifestations ­ sinon la plus importante ­ depuis l'instauration de l'état d'urgence en 1992; et une énième opération militaire contre les GIA. Près de deux semaines après l'assassinat du chanteur Matoub Lounès et quatre jours après l'entrée en vigueur de la loi sur l'arabisation, l'onde de choc provoquée, surtout en Kabylie, par ces deux événements semble se perpétuer. En effet, ils étaient, selon des témoins, des dizaines de milliers à répondre à l'appel du FFS (Front des forces socialistes) pour exiger, entre autres, le gel de la loi sur l'arabisation. «A bas la dictature». Massés en rangs serrés et défilant pendant trois heures sur les deux kilomètres qui séparent la place du 1er-Mai de celle des Martyrs, en plein centre de la capitale, ils étaient venus en grand nombre de Kabylie pour cette marche, autorisée pour la première fois par les autorités. Les manifestants, parmi lesquels se trouvaient beaucoup de femmes en robe traditionnelle kabyle et qui brandissaient des portraits de Matoub Lounès et du leader du FFS, Hocine Aït-Ahmed, ont défilé aux cris de «Reconnaissance de tamazigh (langue berbère, ndlr)», «Paix, démocratie, réconciliation nationale», «A bas la dictature», «Ni Etat policier ni Etat intégriste» et «Unité nationale». «Nous sommes là pour cimenter l'unité nationale et mettre fin au faux déba