Dakar, de notre correspondante.
Il y a un mois, les militaires sénégalais se sont rués en Guinée-Bissau pour secourir le président Viera, confronté à une rébellion de l'armée. Et maintenant, à Dakar, l'opposition s'inquiète et s'interroge. «Cette intervention, qui avait été qualifiée d'opération de simple police, est une véritable guerre entraînant l'utilisation d'armes lourdes et provoquant d'importantes pertes en vies humaines», juge Abdoulaye Wade, le chef du PDS, le principal parti d'opposition. Une appréciation qu'il partage avec quatre autres partis et qui s'est traduite par un appel, lancé jeudi au chef de l'Etat, «pour qu'il dise la vérité sur les tenants et les aboutissants de l'intervention sénégalaise».
Car, depuis le début de la crise, le président Diouf reste muré dans un silence total. Le gouvernement a bien invoqué les accords de défense liant le Sénégal à la Guinée-Bissau pour justifier l'envoi de militaires chargés de soutenir le «régime légal» de Nino Viera. Il a de plus souligné sa volonté de préserver la stabilité dans la région, tout comme la Guinée-Conakry, autre pays voisin, qui a dépêché un contingent. Seulement, l'armée sénégalaise a crié trop vite à la victoire en affirmant avoir pris, après quelques jours de combat, le camp de Bra au nord de Bissau, où sont retranchés le général Mané et ses hommes. La zone stratégique de l'aéroport est toujours contrôlée par le chef des rebelles, ancien chef d'état-major que Nino Viera avait limogé pour une sombre