L'exigence d'une «transparence démocratique» en cas d'intervention
militaire à l'étranger est formulée à Dakar bien plus vite qu'à Paris. Alors que la France a pu intervenir une trentaine de fois en Afrique, sans le moindre débat parlementaire précédant ou suivant ses «coups de main» sur le continent, la chape unanimiste au Sénégal se craquelle au bout d'un mois.
L'opposition demande au gouvernement des comptes, des explications. C'est comme si, hier, l'opposition française avait demandé au pouvoir du moment pourquoi «nos» paras sautaient sur Kolwezi, de quel droit «on» chassait du pouvoir l'empereur Bokassa et installait à Bangui un Président amené de Paris dans la soute d'un Transall, à quoi bon la France traçait des «lignes rouges» au Tchad, ou, enfin, quel était l'intérêt national à se mêler des histoires sanglantes des Hutus et des Tutsis" Petits frères. Aux grands parrains succèdent les petits frères d'armes: les voisins de l'ex-Zaïre sont militairement intervenus pour renverser Mobutu et, pour ce qui est du Rwanda, pour massacrer 200 000 réfugiés hutus; l'armée angolaise a décidé la bataille de Brazzaville; et, d'abord au Liberia puis en Sierra Leone, le Nigeria s'est affirmé comme gendarme en Afrique de l'Ouest. Quoi de plus «normal», alors, que de voir le Sénégal intervenir chez son voisin méridional, la Guinée-Bissau, qui sert de base arrière aux indépendantistes en Casamance? D'autant qu'il existe entre les deux pays un accord de coopération militaire, signé le 3 j