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Libération

Colombie : un espoir dans la jungle. Le dialogue s'engage entre le pouvoir et la guérilla.

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publié le 14 juillet 1998 à 5h58

Miami, de notre correspondant.

En moins d'une semaine, les Colombiens ont vu tour à tour à la télévision des images de leur nouveau Président donner l'accolade, au coeur d'un maquis forestier, au plus vieux guérillero du monde, puis celles de chefs insurgés reclus dans un couvent de Mayence pour y parler de paix avec une quarantaine de personnalités de la «société civile». Cette coïncidence, qui ne doit rien au hasard, les fait rêver d'un imminent cessez-le-feu, voire du terme d'un conflit long de trente-quatre ans et qui a provoqué, au cours de la seule décennie écoulée, la mort de 35 000 victimes, des civils pour la plupart.

Politique spectacle. La raison impose toutefois un pessimisme élémentaire. Le «concile de Mayence» n'a d'autre ambition que d'explorer un programme de discussion. Les négociations qui s'ensuivront éventuellement exigeront des années avant d'aboutir, tant le contentieux est profond et le divorce total entre le «pays officiel» et l'univers d'une guérilla qui contrôle et régit près de la moitié du territoire national. De même, l'abrazo échangé jeudi entre Andrés Pastrana et le légendaire Manuel Marulanda, 69 ans, surnommé «Tirofijo» (qui «tire juste»), chef du plus puissant mouvement de guérilla actif en Colombie, relève-t-il, pour l'instant, de la politique-spectacle. Le Président élu le 21 juin, ancien journaliste de télévision, sait «monter des coups». Celui de jeudi dernier a été particulièrement réussi. Echappant à la vigilance de ses propres gardes d