Budapest, de notre correspondante.
Dans son bureau du Parlement de Budapest, un immense édifice néogothique presque à l'identique du bâtiment de Westminster, Viktor Orban montre l'immense pièce avec vue sur le Danube. «C'est presque assez grand pour s'entraîner au foot, n'est-ce pas?» s'amuse-t-il dans un anglais impeccable, poli à Oxford. Le Premier ministre hongrois voue une passion au football. «J'ai commencé à l'âge de 12 ans dans mon village, sur le stade de la coopérative agricole de "l'entente entre les peupleset, à 18 ans, je rêvais de devenir professionnel. Mais mon père s'y est opposé"» A l'université, Viktor s'est découvert une seconde passion: la politique. Instinct. La Hongrie a peut-être perdu un footballeur de talent, mais elle a gagné l'un des plus jeunes Premiers ministres de son histoire. Agé de 35 ans, Orban, qui arrive aujourd'hui à Paris, est le cadet des chefs de gouvernement d'Europe et le seul à jouer régulièrement en compétition dans la 4e division. Avec Orban, les Hongrois tournent une page. Révolue, l'époque des intellectuels qui, comme dans toute l'Europe centrale, n'ont eu d'autre choix que de faire de la politique au moment de l'effondrement du communisme. Révolue aussi, l'ère des «camarades» socialistes, revenus au gouvernement en 1994 sous l'étiquette de technocrates prônant l'économie de marché. Fatigués de leur maquignonnage, les Hongrois ont choisi un homme de droite mais aussi une nouvelle génération qui n'a aucune expérience du pouvoir.