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Libération

Argentine: Videla reste en prison. L'ex-dictateur est accusé d'avoir enlevé les enfants de détenues.

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publié le 16 juillet 1998 à 6h06

Buenos Aires, de notre correspondante.

L'ex-commandant de la junte militaire argentine (1976-1983), Jorge Videla, arrêté le 9 juin dernier et accusé d'enlèvement de cinq mineurs et modification de leur identité, restera en prison. C'est ce qu'a décidé mardi le juge Roberto Marquevich, en charge du dossier, qui a considéré que les vols d'enfants avaient été un «outil» de l'Etat pour imposer la terreur. Un embargo de 5 millions de dollars a été décrété sur ses biens. «Nous sommes très satisfaites de cette décision. Videla est accusé d'avoir ordonné un plan systématique de vols d'enfants sous la dictature. Sa place est en prison», a estimé Rosa Roisimblit, grand-mère de la Place de mai.

Ce sont les nombreux témoignages du personnel hospitalier qui ont convaincu le juge. Début juin, le chef de gynécologie de l'Hôpital militaire, Julio Caserotto, déclarait qu'à l'époque, il avait ordre de ne pas enregistrer les accouchements des femmes mentionnées comme «subversives». Des ordres, écrits et oraux, reçus directement du commandement en chef. Plusieurs sages-femmes ont également confirmé que des femmes, non identifiées, avaient accouché «les yeux bandés et menottes aux poignets, dans l'hôpital militaire». Pour l'armée, la «subversion» tenait du virus et il fallait éviter qu'il «contamine» les enfants. Comme en témoigne Emilio Mignone, militant de la défense des droits de l'homme: «Quand je recherchais ma fille, un général m'a dit: nous devons trouver une solution pour que les enfants