Sous la peau du lion, il faut plutôt chercher le chat. Certes, du
premier, il a emprunté le nom (assad, en arabe) et aussi le courage que l'on prête à ce fauve. Mais du second, il a pris beaucoup plus: la capacité de faire alterner le coup de griffe, précis et sûr, et la patte de velours, l'art de la séduction, celui de la patience, la capacité de paraître assoupi quand il est à l'affût et l'absence de la plus petite pitié une fois la proie acculée. Lui aussi n'a pas moins de sept vies, ayant survécu aussi bien aux attentats qui le visaient, à de graves problèmes de santé qu'aux cataclysmes politiques.
Une autre comparaison s'impose, cette fois avec le tyran de Bagdad. Tous deux sont issus d'une communauté minoritaire: les Alaouites pour Hafez el-Assad, les Arabes sunnites pour Saddam Hussein. Tous deux ont la même aversion pour Israël et la même hantise des islamistes. Tous deux ont imposé à leur peuple le même culte forcené de la personnalité et le même nationalisme paroxystique. Mais si le premier a fait de l'Irak, naguère première puissance militaire du monde arabe et disposant de richesses pétrolières quasi illimitées, un Etat accablé, ruiné, humilié, limité dans sa souveraineté, le second a fait de la Syrie, pays pauvre, sans ressources, miné par les coups d'Etat à répétition, que ses voisins condamnaient à un rôle marginal de tampon, un acteur obligé de la scène du Proche-Orient. Un pays sans lequel aucune paix dans la région n'est possible, aucune coalition militaire v