Comme tout bon dictateur, Hafez el-Assad voyage peu. De peur qu'en
son absence les souris se mettent à danser. Et aussi parce que, du fait de sa sinistre renommée, les invitations qu'il estime dignes de son rang sont des plus rares.
Celle de Jacques Chirac constitue l'exception qui confirme la règle. On comprend que le président syrien, déçu par les Etats-Unis, ait sauté sur l'occasion, à moins qu'il ne l'ait lui-même suscitée grâce aux bons offices de son «obligé» libanais, Rafik Hariri. On comprend moins que le président de la République française, dont la visite à Damas en octobre 1996 faisait déjà problème, ait accepté de délivrer un brevet de bonne conduite à un homme qui se gausse des droits de l'homme comme de la démocratie. Qui mène son peuple à la schlague. Qui abrite toujours dans ses offices l'un des derniers grands criminels nazis. Qui considère le terrorisme comme un des beaux-arts et qui n'a d'ailleurs pas hésité à faire assassiner, en 1981, Louis Delamare, notre ambassadeur au Liban, «coupable» d'avoir critiqué l'emprise militaire syrienne sur le pays du cèdre. Une emprise qui, depuis, n'a fait que s'aggraver. On pourrait même parler aujourd'hui d'occupation, mais rares sont ceux qui s'y risquent. Chirac, tout en célébrant à toute occasion la renaissance du Liban, ne se livre à l'exercice qu'en termes alambiqués et préfère réserver ses critiques à l'occupation par Israël du Golan syrien et de la zone frontalière sud du Liban. Ce souci de ne pas offenser l'occup