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Libération

Espagne: l'ETA privé de presse. Le journal séparatiste «Egin», proche du groupe armé, est mis sous scellés.

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publié le 17 juillet 1998 à 6h09

Madrid, de notre correspondant.

La fermeture «préventive» du quotidien indépendantiste basque Egin, sur décision judiciaire, provoque de sérieux remous en Espagne: c'est la première fois qu'un journal est muselé depuis la fin de la dictature franquiste, il y a plus de vingt ans. Même s'il s'agit du grand quotidien proche de l'ETA ­ pas vraiment susceptible de déclencher de la sympathie ­, la presse espagnole s'inquiète de cette décision.

Mercredi à l'aube, le «superjuge» d'instruction antiterroriste Baltasar Garzon a déboulé avec 300 policiers au siège du quotidien, à Hernani, dans la banlieue de San Sebastian. Ils ont saisi ordinateurs, archives et documents comptables, et scellé les rotatives et les locaux. Onze personnes, apparemment plus ou moins proches du conseil d'administration de la société éditrice, ont été détenues. Baltasar Garzon ­ connu pour avoir rouvert le dossier de la «guerre sale» du GAL contre l'ETA ­ enquête depuis plusieurs mois sur les réseaux de financement de l'organisation séparatiste basque. Dix personnes avaient été arrêtées et deux entreprises commerciales fermées le 28 mai. Le juge aurait obtenu les preuves de liens directs entre Egin et l'ETA. Des connexions financières, mais aussi organiques: la nomination des directeurs successifs du quotidien ne se faisait pas, semble-t-il, sans l'approbation de l'organisation armée.

«Nous continuerons.» Dès hier, le journal réapparaissait sous un nouveau titre, Euzkadi (Pays basque) Informacion, avec une pagin