Rome, correspondance.
Après cinq semaines de conférence, les représentants des 159 nations présentes à Rome ont désormais le dos au mur: le traité fondateur de la Cour criminelle internationale (CCI) de l'ONU doit être signé ce samedi. Mais certaines capitales, et en premier lieu Washington, affichaient encore vendredi en fin de journée leur réticence sur la toute dernière version du texte de compromis du Canadien Philippe Kirsch, proposé en début de semaine (Libération du 15 juillet) pour dépasser l'hostilité américaine à un tribunal réellement indépendant. A la surprise de nombreux observateurs, la France a été un des premiers pays à se montrer favorables à cette dernière tentative de conciliation. Ce changement de position est d'autant plus appréciable que la France était cantonnée dans le camp de ceux qui veulent une cour internationale subordonnée au Conseil de sécurité de l'ONU ou des Etats signataires. Ce texte donne à la Cour une juridiction automatique concernant les crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, condition sine qua non pour un travail efficace de la CCI. Mais, dérogation de taille: les Etats signataires qui le souhaitent ont la possibilité de ne pas reconnaître les crimes de guerre comme une des prérogatives de la cour pendant sept ans. C'est une des concessions faites par le diplomate canadien pour satisfaire les Etats-Unis et la France, qui ne veulent pas voir leurs soldats traînés un jour devant les juges de la CCI. A mesure