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Libération

La nomenklatura enterre le tsar. L'ancienne noblesse et la nouvelle élite russe ont assisté côte à côte à la cérémonie de Saint-Pétersbourg. Loin du peuple.

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publié le 18 juillet 1998 à 6h14

Saint-Pétersbourg, envoyée spéciale.

Midi, vendredi: trois coups de canon retentissent depuis la forteresse Pierre-et-Paul. Boris Eltsine, costume et cravate noirs, pénètre dans la cathédrale où sont exposés les cercueils du tsar Nicolas II et de sa famille, exécutés il y a quatre-vingts ans par les bolcheviks. Il fait alors un geste qui veut résumer tout le symbolisme de ces funérailles: le chef de l'Etat, ex-dignitaire communiste, serre la main du prince Nikolaï Romanovitch, chef de la maison Romanov.

«Expier». D'abord assis au premier rang, Eltsine passe ensuite l'essentiel de la cérémonie debout, dominant la foule des invités de sa haute stature. Comme s'il voulait marquer ainsi sa présence. Pour le Président, cette cérémonie est un moment capital: il s'agit pour lui de rester dans l'Histoire comme celui qui a donné une sépulture digne au dernier des tsars et qui a réconcilié tout un peuple avec son passé. «C'est un jour historique pour la Russie, commence-t-il en ouvrant la messe. En mettant en terre ces restes (les ossements des Romanov déterrés dans les années 70, ndlr), nous voulons expier les péchés de nos ancêtres.» Puis le chef de l'Etat parle des funérailles comme d'un grand moment «d'unité du peuple et de repentir de la faute commune».

La forteresse Pierre-et-Paul est étrangement vide. Pour des raisons de sécurité, l'accès a été interdit au public, et réservé aux invités et aux journalistes. La population, de fait, se retrouve exclue. Pour qu'elle puisse s'incline