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Libération
Interview

Les Russes restent froids. Le spécialiste des sondages, Youri Levada, analyse le désintérêt de la population pour le tsar.

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publié le 18 juillet 1998 à 6h15

Moscou, de notre correspondant.

Les Russes se sentent peu concernés par l'événement et, au-delà, par un hypothétique rétablissement de la monarchie hormis les monarchistes, les héritiers des Romanov, les hautes sphères de l'Etat et les médias. Le Centre russe d'étude de l'opinion publique, dirigé par Youri Levada, a plusieurs fois interrogé les Russes sur le sujet.

Comment réagit l'opinion devant cet événement?

Tout cela est un peu artificiel et, ces derniers temps, gonflé par les médias. La plupart des gens n'accordent pas d'importance à ces problèmes. Mais on vit dans un flou politique, et certains ­10% environ­ pensent que la monarchie peut encore sauver la Russie. Ce sont plutôt des jeunes que des vieux, ces derniers ayant été façonnés par l'idéologie soviétique. Mais les jeunes sont largement indéterminés, donc changeants. Monarchistes un jour, nazillons le lendemain, démocrates le jour suivant.

Quelle place le tsar Nicolas II occupe-t-il dans ce paysage?

On le perçoit comme une victime des bolcheviks, mais une victime parmi d'autres. En revanche, personne ou presque ne le perçoit comme un grand homme politique. Plutôt comme quelqu'un de faible, d'impressionnable, qui n'a su ni garder ni réformer le pouvoir et l'a vidé de son sens. Quelle attitude les Russes adoptent-ils vis-à-vis de l'enterrement des restes du tsar?

On a posé la question aux Moscovites. 61% pensaient qu'il fallait enterrer les restes le plus vite possible, 15% jugeaient qu'il valait mieux attendre. Les a