Chronique d'une disparition ordinaire: Moustapha Abou Kouss a été
arrêté le 12 octobre 1983 à l'université d'Alep par les services de la Sécurité militaire syrienne. Depuis, le jeune homme, alors étudiant en sciences, n'est jamais réapparu. Son frère Hassan s'est réfugié en France à la faveur d'un concert il est joueur d'oud (le luth arabe) , deux ans après sa disparition pour pouvoir agir en faveur de son frère. Quinze ans plus tard, il garde toujours l'espoir de le revoir. «En fait, nous l'avons revu une fois, une seule. C'était quinze jours après son arrestation. Grâce à une relation familiale, un oncle qui était colonel, nous avons pu, mes parents et moi, le rencontrer quelques minutes dans un bureau du centre des interrogatoires de la Sécurité militaire d'Alep. Les tortures l'avaient défiguré, le visage était boursouflé avec comme des kystes sous la peau et les yeux comme ceux d'un Chinois», se rappelle-t-il. «En le serrant dans mes bras, j'ai pu voir qu'il grimaçait de douleur. Ce sont les seules images que je garde de mon frère», ajoute-t-il. A cette époque, Hassan Abou Kouss, qui a 21 ans, s'attend à retrouver son frère cadet très prochainement. A sa connaissance, Moustapha ne s'est jamais livré à de quelconques activités politiques, se limitant à suivre ses cours et à jouer au football. «Lui-même s'attendait à être libéré prochainement, puisqu'il a demandé à ma mère de lui rapporter ses livres de classe afin de pouvoir préparer ses examens», se souvient-il.
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