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Raz-de-marée en Papouasie-Nouvelle-Guinée. «L'océan a mangé le ciel». Des centaines de morts dans sept villages isolés, à 800 km de Port-Moresby.

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publié le 20 juillet 1998 à 6h17

Pacifique-Sud, de notre correspondante.

«La mer s'est soulevée et elle s'est précipitée vers nous.» L'homme titube, les vêtements et le corps déchirés, les yeux tournés vers un ciel pourtant redevenu clément. Il ne regarde pas la caméra de la télévision australienne ABC, la première à être arrivée dans ce petit village de Sisano, accroché à la côte nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. L'homme ne regarde que le ciel qui, la veille, est devenu aussi liquide que l'océan, aussi dur qu'un mur de pierre. En quelques minutes, le lagon est monté vers les étoiles, il a effacé la cime des cocotiers qui bordent la plage, broyé les cases de son village. Bientôt, l'homme devra enterrer sa femme. Elle est allongée sur le sol, recouverte d'une natte, les bras en croix. Elle n'aura pas de cercueil. Il y a trop de morts et de blessés, plus assez de survivants valides" Tsunami. Hier, le bilan du raz de marée qui a, samedi soir, ravagé sept villages côtiers de la province du Sepik (Ouest), s'élevait à 600 morts. Mais il pourrait y avoir plus d'un millier de victimes. C'est un séisme sous-marin, de force 7 sur l'échelle de Richter, qui a provoqué ce que les Japonais appellent un tsunami, une «vague de tempêtes». Sous la mer, la terre a tremblé, à quelques kilomètres seulement des côtes de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et il n'a fallu que trente minutes à cette monstrueuse vague pour atteindre le rivage.

«J'ai entendu ce bruit terrible. Cela ressemblait au décollage d'un avion supersonique. Tout