Il fallait trouver le point d'équilibre entre l'irréalisme et
l'inacceptable. La signature d'un maximum d'Etats était nécessaire pour que le tribunal pénal international permanent pour les crimes les plus odieux, vieux rêve finalement réalisé, puisse avoir une certaine efficacité. Il fallait aussi éviter l'instauration d'une cour au rabais avec des pouvoirs trop limités. Le statut de la nouvelle Cour criminelle internationale (CCI) est le fruit d'un laborieux compromis. Les pays signataires soulignent le caractère «révolutionnaire» de cette nouvelle instance. Les ONG, massivement représentées à Rome pendant les travaux, ne cachent pas leur déception. «Le jugement ne peut être que mitigé. Il faut saluer le symbole, puisque, pour la première fois, une telle cour existe, et l'étape, car une dynamique se met en place. Mais cela ne dissimule pas le fait que la raison d'Etat, celle des grands Etats du Conseil de sécurité, a gagné sur le droit et la morale», explique William Bourdon, secrétaire général de la FIDH (Fédération internationale des droits de l'homme), qui a beau jeu de souligner les insuffisances de cette ébauche de justice internationale. Accord du bourreau. Ainsi, Saddam Hussein gazant à nouveau massivement les Kurdes en Irak du Nord, comme à Halabja en 1988, ne pourrait pas être poursuivi pour crime contre l'humanité, bien que le statut de la CCI prévoie théoriquement des poursuites automatiques en cas de tels crimes ou de génocide. Il faut en effet que le pays où se