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Libération

300 enfants laissés à quai à Alger.

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publié le 22 juillet 1998 à 6h24

Depuis des mois, ils en rêvaient. Prendre pour la première fois un

immense paquebot. Et partir. Dimanche, dès 8 heures du matin, ils étaient 300 venus de Tlemcen, de Boumerdès, de Béjaïa, de Tizi Ouzou, parfois d'Alger à attendre, surexcités, ce premier départ en vacances. Chaleur étouffante, appréhension pour certains de quitter leurs parents" Mais rien ne semblait devoir entamer la joie de ces gamins appartenant tous à des familles démunies. Jusqu'à ce que le couperet tombe au moment de l'embarquement. «Aucun enfant ne quittera l'enceinte portuaire. Nous avons des ordres», explique un policier. Panique des parents et des organisateurs, quatre associations. Le temps passe. La tension monte. Huit heures plus tard, à 16 heures, les gamins sont toujours bloqués sur le port. Ils n'ont rien mangé. Ils ont vu les autres passagers embarquer. Beaucoup ont supplié des douaniers, qui n'en menaient pas large, de les laisser partir. En vain. Alors, ils ont regardé, en larmes, le paquebot s'éloigner. Sans eux. «Exténués, rapporte le quotidien El Watan, de nombreux enfants se sont allongés par terre. D'autres ont déversé leur colère sur les canettes et les bouteilles d'eau minérale en jouant avec dans un bruit assourdissant.» Les parents et les responsables des associations, eux, ont tenté de comprendre. Ils avaient pourtant pris toutes les précautions. A commencer par celle d'exclure de leur liste les enfants «victimes du terrorisme». En effet, une note signée en octobre 1997, après le