Menu
Libération

Dimanche, élections législatives au Cambodge. Les ex-Khmers rouges, apprentis démocrates. A Pailin, entre casinos et bordels, ils ne jurent que par le «scrutin de la paix».

Article réservé aux abonnés
par Alain LEBAS et Frédéric AMAT-GERLES
publié le 24 juillet 1998 à 6h34

Pailin, envoyés spéciaux.

Une colombe de la paix posée sur un immense globe de béton domine la place centrale de Pailin, le bastion semi-autonome des anciens Khmers rouges qui ont rallié le gouvernement de Phnom Penh. Dans la salle des fêtes communale, transformée pour l'occasion en bureau électoral, Mey Meakk, 52 ans, ancien général khmer rouge, n'a que ce mot aux lèvres: «La paix!» Pour ces anciens guérilleros qui ont vécu et combattu dans la jungle pendant des décennies, la paix se résume à une simple équation: «Les élections, c'est la paix! Les gens, ici plus qu'ailleurs, veulent la paix. Ils sont impatients de voter.» Secrétaire personnel pendant treize ans de Pol Pot ­ le dirigeant historique des Khmers rouges décédé en avril d'une crise cardiaque ­, Mey Meakk s'essaie aujourd'hui à la démocratie. Président de la commission électorale de Pailin, il est responsable pour cette municipalité située dans le nord-ouest du pays de l'organisation des élections législatives qui se tiendront ce dimanche au Cambodge. «Indépendance, neutralité, vérité et justice» est le nouveau leitmotiv des maîtres de Pailin, une zone semi-autonome dirigée par des transfuges khmers rouges réunis autour de Ieng Sary, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Pol Pot. «Cela signifie que les gens sont libres de choisir pour qui voter, mais la liberté est une notion difficile à comprendre"» ajoute Mey Meakk, l'ancien propagandiste de Pol Pot. Et d'expliquer: «Les gens ne comprennent pas pourquoi c