En débarquant hier soir à Londres pour une visite qui se prolongera
jusqu'à cet après- midi, le Premier ministre français Lionel Jospin a revendiqué sa conception d'un socialisme moderne «qui marche», répondant ainsi à son homologue britannique Tony Blair, qui parle d'une gauche acceptant le libéralisme. Alors que Tony Blair avait affirmé en mars à Paris que «l'idéologie peut être mortelle», Lionel Jospin a lancé: «J'agis sans parti pris idéologique, mais en portant des valeurs. Je reste socialiste.» Un mot banni depuis plusieurs mois du nouveau vocabulaire travailliste.
Londres, de notre correspondant.
A côté de Petit ou Leboeuf, Jospin peut aller se rhabiller. Après un an de pouvoir et malgré plusieurs visites outre-Manche, le Premier ministre français reste un inconnu en Grande-Bretagne, à la différence des stars françaises d'Arsenal et de Chelsea FC. Un sondage récent montrait que près de 70% des Français savent qui est Tony Blair, mais à peine 12% des Britanniques peuvent citer son homologue français. Même la presse de qualité néglige le chef du gouvernement français. «Jospin ne correspond pas à l'archétype du Français qu'aiment bien entretenir les journaux», explique Philippe Marlière, spécialiste des relations franco-britanniques à la London University. «A la différence de Mitterrand ou de Chirac, il est plus difficile à classer comme Gaulois typique avec son côté sérieux et austère. On l'a vu pendant le Mondial: les journaux soulignaient l'enthousiasme de Chirac comparé