Stimlje, envoyée spéciale.
Trônant devant la caisse de sa petite épicerie, sur la rue principale de la bourgade de Stimlje, Arben se sent soudain l'âme d'un stratège militaire. Il prend une feuille de papier, dessine les positions des forces serbes et, en face, celles de l'Armée de libération du Kosovo (UCK). Le front n'est qu'à huit kilomètres de sa maison, à peine trois ou quatre kilomètres à vol d'oiseau, là-haut derrière la colline d'où montent d'épaisses colonnes de fumée. Elles s'échappent du village de Zborce, un bastion de l'UCK. «Les Serbes ont pris les premières maisons à l'entrée du village, mais nos forces tiennent encore. Il s'agit d'un village stratégique. S'il tombe, les Serbes s'assurent le contrôle des crêtes et des routes», dit-il sentencieux.
Ce stratège amateur exprime l'avis général au Kosovo. La bataille qui fait rage depuis samedi est bien la plus grande opération menée dans la région depuis le début du conflit, au printemps dernier. Concertée, menée dans plusieurs directions par d'importantes forces de police serbe appuyées par l'armée, elle constitue un test décisif pour l'UCK, malmenée par deux récents revers.
Selon des sources serbes, tout aurait commencé vendredi soir à Lapusnik, par l'attaque d'une position serbe par des combattants de l'UCK, à quelque 30 km à l'ouest du chef-lieu du Kosovo, Pristina, à l'entrée de la route qui la relie à la deuxième ville du pays, Pec. Cet axe stratégique est bloqué depuis le mois de mai par les guérilleros albanai