Les Cambodgiens ont voté hier nombreux pour élire leurs députés dans
un scrutin sans incident majeur sinon une attaque des Khmers rouges, qui a fait 10 morts dans leur ancien fief d'Anlong Veng (Nord). C'est la première fois depuis trente ans que le Cambodge organisait lui-même des élections pluralistes.
Phnom Penh, envoyé spécial.
«J'ai peur», dit Avy, femme au foyer de 29 ans. Pourquoi? «J'ai peur parce que les gens ont peur.» Pour qui va-t-elle voter? «Je ne sais pas encore. Je demanderai aux gens au bureau de vote.» Dès la première heure, Avy s'est rendue aux urnes ce dimanche 26 juillet. Son voisin Bunthong, 55 ans, aurait a priori encore moins de raisons d'avoir peur. Propriétaire de quatre maisons qu'il loue à des étrangers, père de quatre enfants, dont l'aîné est officier de police et membre du Parti du peuple (PPC), le parti au pouvoir, il est l'un des notables du quartier. Il a toutefois stocké dans sa cuisine quelque 100 kilos de riz, du poisson séché et des cartons de nouilles déshydratées. «On ne sait jamais"», explique-t-il, sans pouvoir identifier réellement les causes de cette peur diffuse et irrationnelle qui imprègne les Phnompenhois pendant cette période électorale. Entretenue par les rumeurs les plus folles, elle est le symptôme d'une société déchirée par des décennies de violences. Voilà dix jours, une rumeur affirmait que le co-Premier ministre Hun Sen, l'homme fort du pays, préparait un nouveau coup de force à l'approche du scrutin populaire. Une date é